Communication & Institutions

Je suis lobbyiste et j’assume

Fabrice Alexandre, directeur associé de Communication & Institutions et président de l’AFCL, était interviewé par le magazine Neon Mag.

Si certains lobbyistes ne se désignent pas comme tel, c’est surtout pour ne pas avoir à expliquer le mot.

(…) Neon Mag : Est-ce qu’il est difficile de se revendiquer lobbyiste au quotidien ?

Fabrice Alexandre : Au travail ça ne pose pas de problèmes car tous nos collaborateurs comprennent le métier et en ont besoin. Il ne m’est jamais arrivé de me retrouver avec un parlementaire ou un fonctionnaire qui refuse de me parler car je suis lobbyiste. Après c’est sûr que dans les diners en ville il faut parfois s’expliquer car les gens ne sont pas forcement au courant du métier. Si certains lobbyistes ne se désignent pas comme tel, c’est surtout pour ne pas avoir à expliquer le mot. Je ne l’ai pas caché à mes enfants, mais le jour où mon fils a vu le film Thank you for Smoking (qui raconte l’histoire d’un lobbyiste dans l’industrie du tabac, NDLR), il s’est inquiété et m’a demandé si c’était vraiment ce que je faisais comme travail. Maintenant, il a grandi et il a compris. (…)

Faire bouger les positions et construire des compromis.

(…) Neon Mag : Être lobbyiste n’implique pas de mettre de côté ses propres convictions pour défendre son client ?

Fabrice Alexandre : Évidemment que nous avons nos convictions personnelles et qu’elles ne collent pas toujours à 100 % avec celles de nos clients, mais on a la volonté de vouloir faire bouger les positions et construire des compromis. Il nous arrive aussi assez régulièrement de dire non à certaines missions. Je peux vous dire que l’industrie du tabac a en ce moment de grosses difficultés à trouver des lobbyistes. Beaucoup refusent d’y aller pour des raisons de convictions personnelles. Il y a également des raisons de réputation, notre entreprise a par exemple été contactée par l’église de scientologie et on a dit non. (…)

Le lobbyisme est inséparable de la démocratie

(…) Neon Mag : Qu’avez-vous à répondre à ceux qui voient le lobbying comme néfaste à la démocratie ?

Fabrice Alexandre : Je pense que ces personnes doivent réfléchir à ce qu’est la démocratie. Le lobbyisme est inséparable de la démocratie. Que serait une démocratie dans laquelle on ne peut pas défendre ses intérêts ? Il faut arrêter de se faire peur, c’est naturel que des gens défendent des intérêts et débattent. Je pense que les gens qui disent ça ne sont pas allés très loin dans leur réflexion sur le sujet. Ils assimilent les dévoiements du lobbying comme la corruption et les conflits d’intérêts à la vraie pratique du métier. Je suis le premier à dire qu’il faut combattre ces dérives, mais confondre cela avec la vraie pratique du lobbying, c’est un non-sens. Quand on parle de corruption ou de trafic d’influence, on ne parle pas de lobbying, ce sont deux choses différentes, c’est comme dire qu’un banquier est forcément véreux. Le lobbying peut s’exercer de manière totalement loyale, éthique et en symbiose avec un débat démocratique sain et c’est pour cela que nous militons. Il faut faire le ménage de ces dévoiements, car nous avons besoin du lobbying, c’est impossible qu’il n’y en ait pas et ce n’est pas souhaitable. (…)

LIEN: https://www.cominst.com/app/uploads/2018/06/JesuislobbyisteetjassumeNeon.pdf

Néon Mag